Histoire

Chronologie d'Eze

cc 220 av. J.C:
édification d’un castellaras.

IIe s. ap. J.C:
création d’un oppidum. Désignation d’Eze dans l’Itinéraire d’Antonin sous le nom d’Avisionis portus.

Xe siècle:
occupation d’Eze par les Sarrasins.

1075:
première mention du nom « Eze » dans un document de l’Abbaye Saint-Pons de Nice (aujourd’hui l’hôpital Pasteur).

1229:
le château d’Eze est confisqué au seigneur du lieu par le comte de Provence, Raymond Béranger V. Il appartient ensuite à la couronne d’Anjou-Provence de 1246 à 1388

1306:
fondation de la Confrérie des Pénitents Blancs d’Eze dans la chapelle de la Sainte-Croix. Les pénitents seront, à Eze, plus spécialement chargés de subvenir aux besoins des pestiférés et les lépreux. La lèpre subsitera à Eze jusqu’au début du XXe siècle.

1388:
rattachement du village à la couronne de Savoie.

1414:
les Ezasques se libèrent de leurs seigneurs et se forment en « communautas ».

1543:
occupation du village par les troupes de Soliman Le Magnifique.

1706:
destruction du château par les troupes françaises.

1713:
création de la Confrérie du Rosaire dans la chapelle des Pénitents Blancs.

1764:
début de construction de l’église N.-D. de l’Assomption.

1792:
rattachement d’Eze à la France.
première scission de la commune de la Trinité, la scission définitive aura lieu en 1809.

1807:
réalisation de la Grande Corniche.

1814:
Eze retourne à la Maison de Savoie.

1860:
rattachement définitif d’Eze à la France.

1914 :
le président Poincaré séjourne à Eze Bord de Mer.

1923/53 :
le Prince Guillaume de Suède réside à Eze.

1928:
inauguration de la Moyenne Corniche.

Les plus anciennes traces d’occupation des sols sur la commune remontent au néolithique vers 2000 ans avant J.-C. au Mont Bastide. A l’âge du fer les Celto-Ligures , populations pastorales de la région, élèvent de nombreux castellaras. Ces enceintes en blocs de pierres sèches étaient généralement construites sur des hauteurs comme à l’emplacement du village ou du Mont Bastide qui domine, à 567 m. d’altitude, la mer et la voie héracléenne. La commune et ses alentours seront aussi occupés par les Romains et les Gallo-Romains.

Le nom d’Eze viendrait soit du port d’Avisio, situé dans la baie de Saint-Laurent d’Eze mentionné dans l’itinéraire maritime d’Antonin, soit comme le rapporte la tradition orale, de la déesse Isis que les Phéniciens auraient vénérée sur le rocher.
Avec la fin de l’Empire romain, la région est traversée par des vagues d’invasions barbares qui obligent les populations à réoccuper ces sites. Eze acquiert vite son caractère défensif.

Peu après l’établissement du village, les Ezasques subissent au Xe siècle l’occupation des Maures. Pendant près de quatre-vingts ans ces derniers, établis au Fraxinet derrière Saint-Tropez, rançonnent les populations du Sud-Est. Guillaume de Provence et ses alliés mettent fin à leurs exactions vers 973. Au milieu du Moyen Age, Eze s’étend de la mer jusqu’à la rive droite du Paillon, comprend le prieuré de Saint-Laurent d’Eze ainsi que les localités de La Trinité et de Laghet qui seront détachées en 1818 par décret du comte de Savoie, Victor Emmanuel Ier.

A partir de 1388, Eze appartient à la Maison de Savoie. Dès lors sa destinée sera liée à la politique de ce petit royaume souvent opposé à la France. Conscients de l’intérêt stratégique du Comté de Nice, leur seule ouverture maritime, les comtes de Savoie améliorent les fortifications d’Eze et protègent la cité d’une double porte fortifiée, « la Poterne ».
Ils apportent aussi de nombreuses modifications au Château, bâti dans le courant du XIIe siècle, afin de l’adapter aux progrès de l’artillerie.
Cet édifice a toujours relevé de l’autorité supérieure quelle soit de Provence ou de Savoie.

En 1543 La flotte turque et son allié français commandés par Barberousse dans leur lutte contre Charles Quint, s’emparent du village.
En 1706, Louis XIV porte un coup décisif à la cité pendant la guerre de Succession d’Espagne en ordonnant la destruction des remparts et du château afin de supprimer un éventuel point de résistance entre Villefranche et Monaco.
Des vestiges de lignes fortifiées en pierres sèches témoignent aussi de la présence sur la commune de troupes françaises, alliées cette fois, pendant la guerre de Succession d’Autriche au milieu du XVIIIe siècle.
Entre la Révolution française et la fin du Ier Empire la commune est annexée à la France et y est définitivement rattachée après le vote à l’unanimité des Ezasques les 15 et 16 avril 1860.

En dépit des aléas de l’histoire, la vie des habitants, rythmée par le cours des saisons, a peu évolué jusqu’à l’époque moderne. Pendant une partie du Moyen Age la commune est aux mains de quelques familles seigneuriales dont les noms résonnent toujours dans les ruelles : Riquier, d’Eze, Badat, Blacas… Avant le Xe siècle, Eze, comme Nice et une quinzaine villages, appartenaient à une seule famille apparentée au comte de Provence.
Au fil des ans, donations, mariages et legs mirent fin à l’indivis des communes.

Ces seigneurs, puis les comtes de Savoie eurent régulièrement des heurts, parfois violents, avec la Communauté au sujet des droits de moyenne ou de haute justice.
Si le rôle des juges préoccupait peu les Ezasques, il n’en était pas de même de celui du bayle chargé de la basse justice . Ce personnage choisi par le comte veillait en effet à l’application des lois, constatait les infractions telles le non paiement des tasques sur les productions agricoles, la production de chaux, ou le non respect des bandites ou bandita, ces pâturages réservés à des propriétaires de troupeaux.

Jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, les Ezasques vivaient surtout du revenu de leur terre complété par l’élevage de quelques chèvres, brebis et, dans une moindre mesure, du vers à soie. La culture sur « planches », ces parcelles soutenues de murets en pierres sèches nécessitait de nombreux efforts. L’hiver était essentiellement consacré à leur remise en état. Sur ces reliefs escarpés, l’âne, cet animal à tout faire, fournissait une aide appréciable. Il n’était pas rare d’en croiser chargés de légumes ou de fruits, fèves, pois chiches, courges, noix, amandes… sur le chemin du village ou d’un marché voisin. Parmi les arbres fruitiers, certains étaient plus précieux que d’autres, le figuier (la figuiera), le caroubier, la vigne (la souca), l’olivier et les agrumes, cédrats, orangers ou citronniers. Rien d’étonnant donc que l’on ait très tôt cherché à les mettre sous la protection de saints.
Dans le comté de Nice on invoquait volontiers saint Grat contre les maladies des végétaux. Son portrait figure sur un des retables de l’église aux côtés de saint Sébastien que l’on priait pour se protéger de la peste. Peu à peu, les cultures vivrières ont cédé la place à celle des fleurs, des œillets en particulier.

Avec l’arrivée dans le village du Prince Guillaume de Suède et des musiciens Balokovic et Barlow dans les années folles, tous séduits après George Sand et Friedrich Nietzsche, par la luminosité et la majesté du lieu, la commune s’ouvre timidement au tourisme.
Eze Bord de Mer, desservi par le chemin de fer, se développe à l’abri d’une pinède. Artistes et artisans s’installent dans le village

Citations

Mme de Genlis 1780 :
« En sortant de Nice on trouve le vieux château de Montalban pris par les Français en 1744.
Deux lieues plus loin nous nous arrêtâmes à la vue de la tour d’Eze, dominant sur la mer, et dont la situation est admirable ; au bout d’une heure nous reprîmes notre marche. cette route est parfaitement bien nommée la Corniche ; en beaucoup d’endroits elle est si étroite qu’une personne peut à peine y passer ».

George Sand 1868 :
« C’est bien réellement une féerie que le panorama de la corniche…
Les ruines d’Eze, plantées sur un cône de rochers avec un merveilleux pain de sucre arrêtent forcément le regard. C’est le plus beau point de vue de la route, le plus complet, le mieux composé. On a pour premier plan la formidable brèche de montagnes qui s’ouvre à point pour laisser apparaître la forteresse sarrasine au fond d’un abîme dominant un autre abîme. Au-dessus de cette perspective gigantesque où la grâce et l’âpreté se disputent sans se vaincre s’élève à l’horizon maritime, un spectre colossal… C’est la Corse ».

Stéphen Liégeard 1887 :
« Eze… Sombre au sommet d’une pyramide isolée, sa silhouette s’enlève en vigueur sur les transparences de l’horizon… Les stries du sentier qui descend vers la grève semblent les lacets d’or de son noir corsage ; le soleil a bruni son front, l’orage et le canon lui ont, aux éclats de leurs tonnerres, déchiqueté un diadème de ruines. Les Alpes elles-mêmes, les Alpes neigeuses
l’apercevant de loin, ne doivent pas la contempler sans stupeur. Aire ou repaire, on se demande qui la suspendit de la sorte, si elle est habitée, par quel point on l’aborde, et comment, y ayant pénétré, il reste possible d’en sortir. »

Jean Lorrain 1905:
« Quand les amandiers seront en fleurs et que le bleu du large s’éclaboussera de floconnements roses, qui seront autant de branches de pruniers ou de pêchers, c’est alors que vous sentirez monter des golfes et des promontoires la poésie virgilienne de nos vergers d’oliviers…
Ah ! la silhouette violâtre du rocher d’Eze, les arabesques d’or de l’Esterel dans le couchant là-bas, à l’extrémité de la Baie des Anges, la nostalgie des voiles latines tachant de rouille l’horizon… »

Victorien Sardou :
« De loin, Eze vous paraissant nu, sans végétation, de la couleur du roc où il est assis, et comme un grand tas de cendres. Vous quittez à peine la corniche, et les amandiers, les pêchers en fleurs, le feuillage épais et gras des caroubiers, le gris argenté des oliviers, l’herbe verte et drue des prairies reposent vos yeux fatigués par la blancheur de la route…
Puis vous gagner le village qui s’offre à vous sous le fier aspect d’une forteresse imprenable.
Rampe d’accès, murs d’enceinte, habitations tout est taillé, construit dans le roc et fait corps avec lui, au point que l’on ne distingue plus le travail de la nature et de l’homme. »

Nos ancêtres les oléiculteurs

Eze trouve son origine dès le IIIe siècle avant J.-C. sur les hauteurs du Mont Bastide à l’Ouest du village actuel sur le chemin de David qui relie la Moyenne à la Grande Corniche. A l’âge du Fer, les populations pastorales qui vivaient sur ces terres, les Celto-Ligures, sont décrits par Strabon comme un peuple rude, courageux et à l’occasion bon guerrier. Ils construisirent à cet endroit un castellaras ; une petite cité fortifiée à 567 m. d’altitude qui sera aussi occupée par les Romains et les Gallo-romains jusqu’à la fin de l’antiquité.

Outre le tissage et la métallurgie, les habitants du Mont Bastide cultivaient l’olivier. Même si les conditions de travail étaient rudes, le Philosophe grec Poseidonios affirme qu’ils “taillaient” leurs champs à même la roche, l’oléiculture constituait l’une de leurs principales activités. De nombreuses maisons possédaient un pressoir avec un bassin de décantation. Malgré la modestie et l’archaïsme des structures (un système avec madrier et contrepoids, pas de pressoir à vis), l’huile du pays niçois semble, déjà, avoir eu une certaine renommée. En effet si l’on en juge par la provenance des monnaies, les habitants en exportaient sur la Ligurie et la Côte d’Azur actuelles jusqu’à Marseille.

Loin des grands domaines avec leur villa, le Mont bastide est l’un des rares sites archéologiques de la région, antique témoin de la vie quotidienne d’un village perché et de ses habitants, lointains ancêtres des oléiculteurs contemporains qui perpétuent un savoir-faire plus que millénaire.

A lire :Arnaud (P.), “Mont Bastide : bilan de quatre campagnes (1998-2001), Archeam, n°9, 2001-2002
Brun J.P., Archéologie du vin et de l’huile dans l’Empire romain, Paris, Errance, 2004.
Pour les randonneurs : Chemin de David, dénivelé environ 300 mètres, chaussures adaptées à la marche conseillées.

Eze, terre de philosophes ?

Eze avec ses corniches, son village en pain de sucre, sa vue exceptionnelle sur la Méditerranée serait-elle une terre propice aux méditations philosophiques les plus élevées ? C’est la question que l’on peut se poser car avant d’être l’élue des stars du rock, de nombreux écrivains y ont séjourné et notamment Friedrich Nietzsche.

En décembre 1883, Nietzsche descend du train à la gare d’Eze Bord de Mer et s’engage sur le chemin muletier qui mène au village d’Eze. Alors âgé de 39 ans, Nietzsche est dans un état de solitude absolue : ses livres ne se vendent pas, il s’est brouillé avec Wagner et vient d’être éconduit par Lou Salomé (la maitresse de Freud qu’il a demandé en mariage le lendemain de leur rencontre).

Syphilitique, il est également très sensible aux conditions climatiques ; c’est une des raisons pour laquelle il choisit de passer l’hiver sur la Côte d’Azur. “J’aurai ici pour six mois presque autant de jours ensoleillés…” écrit-il à son ami Peter Gast. La lumière, le climat sont pour lui plus que bénéfiques, il retrouve, ses forces physiques. Il affirme pouvoir marcher 7 ou 8 heures de suite sans ressentir la moindre fatigue et avoir éprouvé des moments inoubliables dans les hauteurs silencieuses de Nice.

Puis vient la découverte du village d’Eze. “… sous le ciel alcyonien de Nice qui, pour la première fois rayonna dans ma vie, j’ai trouvé le troisième Zarathoustra et j’avais ainsi terminé” écrit-il dans Ecce Homo, avant de poursuivre : “Cette partie décisive, qui porte le titre « Des vieilles et des nouvelles Tables » fut composée pendant une montée des plus pénibles de la gare au merveilleux village maure Eza, bâti au milieu des rochers.”

Pour l’écrivain Stefan Zweig quelques endroits, Venise, Sils-Maria, ont marqué le philosophe mais ce “lieu fabuleux”, celui où il a donné toute sa puissance créatrice est assurément Eze qui convenait à sa pensée… Bien des années plus tard, un autre écrivain séjournera dans le village d’Eze, rue du Bournou… C’est Maurice Blanchot que certains qualifient de plus grands philosophes du XXe siècle.

Sentier de Nietzsche – env. 1h30 – dénivelé 400 m. – chaussures adaptées à la marche conseillées

Un Ezasque honoré par Bugatti : Pierre Veyron

Devinette : Quel est le point commun entre un des derniers modèles de Bugatti et notre charmant village médiéval ? Réponse : Pierre Veyron (1903-1970).

Résidant dans le village, rue du Bournou, Pierre Veyron fit la connaissance au milieu des années folles de Samuel Barlow, compositeur américain alors propriétaire de la Maison des Riquier , place du Planet. Passionné d’automobile, P. Veyron devint son chauffeur lors de ses séjours à Eze. Barlow fit d’ailleurs construire place de la Colette un garage pour sa Mathis et sa Phaëton genre Bugatti royale, avec des logements à l’étage pour le personnel, bâtiment qui abrite aujourd’hui les restaurants Colette Café et Pinocchio.

Mais Pierre Veyron était avant tout un ingénieur et un coureur automobile hors pair. Lors du premier Grand Prix de Monaco en 1929, il met à la disposition de Bugatti son garage d’Eze. Au fil des années ses liens avec le constructeur se resserrent et il rejoint l’équipe Bugatti en 1932. Veyron collabore à la mise au point de plusieurs modèles de course et participe à de nombreuses compétitions. En 1939, il gagne les 24 Heures du mans avec J.-P. Wimille à bord d’une T57C Tank.

Après avoir été résistant pendant la seconde guerre mondiale, P. Veyron, se consacre à partir de la Libération essentiellement à sa famille et à son entreprise de forage de puits de pétrole. Il décède à Eze en 1970. En 2005, Bugatti rend hommage à cet Ezasque en baptisant son dernier modèle, un bolide de 1001 chevaux pouvant atteindre plus de 400km/h, la Veyron 16.4.

Article rédigé suite aux recherches de J.J. Schlouppe, qu’il en soit remercié.

Une histoire de clocher

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi notre église Notre-Dame de l’Assomption, possède pas un clocher recouvert de tuiles émaillées comme celles de Nice ou de La Turbie réalisée en 1763 par le même architecte, Antonio spinelli ? C’est à cause de la foudre.

Si l’église fut élevée entre 1764 et 1778 sur l’emplacement d’un premier édifice religieux, son clocher ne fut achevé que bien plus tard. En effet en 1836, le curé Don J.-B. Millo note que le clocher situé au même emplacement que l’actuel est peu élevé et vétuste. Cinq ans plus tard, le conseil municipal décide donc de construire un nouveau clocher qui sera terminé en 1844. Il s’agit de la tour carrée que nous connaissons, mais avec une coupole surmontée d’une grande croix en fer forgé.

C’est cette croix qui attira la foudre dans la nuit du 10 au 11 octobre 1846. Les travaux de réparation et de dépose des tuiles endommagées furent entrepris sans délais et terminés le 27 février 1848. Mais aucune précaution contre la foudre ne fut prise et elle s’abattit de nouveau sur l’édifice le 8 avril, démolissant en partie la coupole et projetant des pierres sur le toit de la nef, l’endommageant gravement. L’installation d’un paratonnerre étant jugé trop problématique, le conseil municipal décida de déposer la coupole et la croix en fer forgé et de les remplacer par un toit plat entouré d’une balustrade.

Aujourd’hui l’église est munie d’un paratonnerre mais la foudre engendre toujours quelques dégâts comme par exemple à l’automne 2010. Qui a dit que la foudre ne tombait jamais au même endroit ?

Cet article a été rédigé à partir du livre de Charles Alexandre Fighiera, Eze, Nice, Serre editions, 2000. Disponible à l’office du tourisme.

Entre Rome et Eze, la genèse d’une œuvre de notre église

Selon une légende la Chèvre d’Or accompagnait les voyageurs égarés dans les montagnes niçoises vers le village d’Eze. Ce capriné a-t-il guidé trois artistes Prix de Rome, futurs pensionnaires de la Villa Médicis, Joseph Paul Alizard, César Van Loo et Christian v. Mannlich vers Eze en 1766 sur le trajet de Paris à Rome, nul ne le sait, toujours est-il qu’ils séjournèrent quelques jours à Eze.

Mannlich alors au service du duc des Deux Ponts en Allemagne, retrace dans son autobiographie “Rokoko und Revolution” réeditée en 1913 son court séjour à Eze. Lui et ses compagnons furent très aimablement reçus par l’abbé du village qui leur offrit le gîte et le couvert. A leur départ ils promirent de peindre des tableaux pour la nouvelle église dont les murs étaient encore nus.

Trois œuvres furent réalisées : Mannlich se réserva “Le Baptême de Jésus” tandis que Alizard et van Loo se chargeaient d’une “Piéta” et des “Ames du purgatoire”. Mannlich contacta ensuite l’abbé pour lui faire parvenir les œuvres et nous savons qu’elles sont arrivées à Eze le 3 août 1769 après avoir transitée par l’évêché de Nice.

Seules les “Ames du purgatoire” sont parvenues jusqu’à nous. Cette œuvre, datée et localisée “Montesanti Roma 1769”, est aujourd’hui dans la première chapelle à droite de l’église N.-D. de l’Assomption. Composée sur une diagonale qui la dynamise, elle représente l’archange saint Michel venant sauver les âmes en peine avec de subtils jeux d’éclairage entre les teintes froides des nuées célestes et la chaleur rougeoyante des flammes. La physionomie des personnages à l’exception de celle de l’archange plutôt stéréotypée, est individualisée, ce sont des portraits. Tous attendent la venue de celui qui les emmènera au Paradis à l’exception de la femme, plus en retrait… allusion au péché originel sans doute.

Notre église abrite plusieurs “petits trésors” comme celui qui se découvrent au visiteur un peu attentif et, avec un peu de chance et de recherches, révèlent comme ici des aventures humaines au-delà des siècles et des frontières.

La Chèvre d'Or

L’histoire

Selon la légende c’est le hasard ou la destinée sous la forme d’une chèvre aux poils dorés qui guida le violoniste Zatlo Balokovic (1895-1965) vers un ensemble d’habitation qu’il acheta et restaura en 1923 et qu’il appela  » La Chèvre d’Or « .

Balokovic est un virtuose. A l’âge de dix-huit ans, il obtient le premier prix de violon au conservatoire de Zagreb et entame une tournée en Europe, à Vienne, à Berlin. La guerre le surprend à Trieste en 1914 où il réside jusqu’en 1919.

En 1926 il épouse Joyce Barden, nièce d’Adlai Stevenson. Le couple partage sa vie entre sa résidence de New York et Eze-Village où il fréquente un autre musicien Samuel Barlow et le Prince Guillaume de Suède. Afin de ne pas être importuner par les curieux et profiter de la quiétude du village, il appose, d’après R. Schlouppe, une pancarte à sa porte avec l’inscription suivante :  » Silence SVP, un malade se repose « .
En 1941, il milite dans plusieurs organisations de soutien aux peuples slaves et après la guerre il retourne en Yougoslavie comme délégué du Comité Roosevelt pour une tournée de 36 concerts. Balokovic vend la Chèvre d’Or à Robert Wolf en 1953 qui la transforme en restaurant. Assez rapidement cet établissement est fréquenté par des personnalités comme le Prince Rainier de Monaco ou Walt Disney qui suggéra l’idée de créer un hôtel.

La Légende
En Provence la Chèvre d’or est à l’origine de nombreuses récits, sans oublier le roman de Paul Arène La Chèvre d’or publié en 1889. Chaque version possède ses variantes en relation avec l’histoire ou les personnages du lieu. Plusieurs d’entre elles remontent au temps où la région était occupée par les Maures.
On raconte ainsi qu’un Maure, suivant la route tracé par une petite chèvre dans les entrailles d’une montagne, entreprit de cacher son butin composé d’or, de bijoux et de diamants, là où le caprin le mènerait. Sur son chemin, il rencontra successivement une sorcière, des fantômes, des plantes fabuleuses et surtout une bête noire aux dents et aux griffes luisantes et acérés. Un combat à mort s’engagea, combat pendant lequel son or fut réduit en poudre.

Au terme de ce duel, notre héros parvint à s’échapper de la caverne abandonnant derrière lui ses richesses aux forces obscures. Suivi bientôt de la petite chèvre recouverte de poudre d’or. Le Maure partit vers de nouvelles aventures. L’animal vit toujours dans la montagne, les bergers l’aperçoivent régulièrement. Si vous êtes brave, elle vous guidera vers son trésor, mais si votre cœur est impur ou si vous êtes pleutre, malheur à vous.

A Eze, une tradition orale veut que le violoniste yougoslave Zatlo Balokovic en visite dans le village se laissa guider par une chèvre au poil doré vers une bâtisse qu’il restaurera et qui deviendra le célèbre Relais & Château de La Chèvre d’Or.

Selon les dirigeants du Relais & Châteaux de La Chèvre d’Or , l’hôtel doit son nom à sa première propriétaire. Fermière de son état, elle élevait des chèvres dont elle vendait le lait au marché de Nice chaque semaine. Et chaque semaine, elle cachait le produit de ses ventes, des pièces en or (le cours du lait devait être très élevé !), derrière les pierres d’un mur. Lors de la rénovation des lieux, on découvrit son trésor endormi là depuis des années et l’on donna à l’établissement un nom rappelant l’origine du trésor afin que chacun s’en souvienne.

Château Balsan une demeure

Dissimulée derrière les frondaisons des arbres, il est une demeure à Eze dont la silhouette intrigue nombre de visiteurs. Il s’agit du Château Balsan (propriété privée ne se visite pas), éponyme de son premier propriétaire Jacques Balsan. Né en 1868 dans une famille d’industriels qui fournit l’armée française en uniformes, Jacques Balsan parcourt à 24 ans le monde pour acheter des laines, devient un des pionniers de l’aviation avec le brevet de pilote n°22, et se marie en 1921 avec Consuelo Vanderbilt.

C’est à cette époque, après avoir visité plus de 200 propriétés qu’il se fixe à Eze. Pour bâtir sa demeure qu’il baptisera “Lou Sueil” et dresser les plans de ses jardins, il fait appelle à l’un des plus grands paysagistes du début du XXe siècle Henri Duchêne et son fils Achille, architectes et restaurateurs de plus de 6000 jardins dont Vaux-le-Vicomte et Chambord. Quelques années après son achèvement la propriété figure parmi l’une des plus belles de la Côte d’Azur. Le magazine Country Life y consacre deux articles en 1927 et Albert Flament dans L’Illustration (2 avril 1932), évoquant les jardins des Primitifs italiens, la qualifie de “réalisation la plus miraculeuse” entre Nice et la frontière italienne.

Le Château Balsan est conçu comme un monastère avec son cloître qui fait office de jardin d’hiver, sa tour lanterne et son bâtiment principal en forme d’abside ; une petite chapelle privée complète l’ensemble. Ce parti évoquant l’art des architectes franciscains du XVe siècle tranche dans les années folles avec les villas à l’italienne bâties sur la Riviera. Cette sobriété et la monochromie de la pierre de La Turbie sont cependant modérées par la richesse des Jardins. En 1927, une palette multicolore faite de crocus, de narcisses, de tulipes et d’iris illumine les parterres dès les premiers jours du printemps tandis que cyprès et lauriers garnissent le jardin toscan.

Consuelo Vanderbilt y recevra de nombreux invités, Charlie Chaplin, le duc de Connaugt, fils de la Reine Victoria notamment. En 1954 Lou Sueil servira aussi de toile de fond à quelques scènes de “La Main au collet” d’Alfred Hitchcock avec Grace Kelly et Cary Grant. … mais ceci est une autre histoire.

Cliché d’époque communiqué par la famille Balsan

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